Le rameau minyanka qui s’étend au Nord dans le cercle de San, dépendait du vicariat Apostolique de Nouna dont le centre se trouvait en Haute Volta. Dans le but de regrouper les populations de même langue dans une même circonscription ecclésiastique, Mgr Lesourd, vicaire Apostolique de Nouna, en accord avec Mgr de Montclos, proposa de rattacher les cantons minyanka du Cercle de San à la préfecture apostolique de Sikasso, ce qui fut accordé le 6 Mars 1953. Le territoire ainsi détaché de Nouna comprenait environ 35.000 minyanka.
Une circonstance favorable avait favorisé la création de cette mission : un habitant de Kimparana, centre de cette région, après des révélations étranges, s’était converti et avait pris, même avant d’être baptisé, le nom de Jean Baptiste. Plein de zèle, il avait adressé une demande aux pères de Mandiakuy, mission en pays Bo, proche de Kimparana, pour qu’une mission s’installe dans son village où il avait commencé à grouper quelques jeunes gens désireux de se convertir. Ce fut le jeune père Laurent, récemment arrivé dans la préfecture, qui fut choisi pour prendre en charge la nouvelle fondation. Dès son arrivée à Kimparana, le père Laurent, accompagné d’un catéchiste et de son cuisinier, commença à visiter les quartiers, sous la conduite de l’inséparable Jean Baptiste. L’utilisation d’un campement, cédé à la mission par l’administration coloniale et d’un magasin coopératif, permit une installation provisoire rapide. Le poste fut complété par l’arrivée de 2 jeunes pères, le père Huet en avril 1952 et le père de Thézy le 5 septembre de la même année. Ainsi le travail d’Evangélisation pouvait commencer ce qui amena assez rapidement un grand nombre d’inscriptions au catéchuménat : en 1953 on comptait déjà 27 groupes de priants à Kimparana et dans les villages du secteur. Apres des débuts si prometteurs, une épreuve terrible devait s’abattre sur la mission en fondation. Le 17 aout 1953, le père Laurent mourait au cours de la nuit, étouffé sous les décombres de la terrasse de sa maison qui, gorgée d’eau par les pluies d’hivernage, avait fait céder la charpente sommaire qui la soutenait. Cette mort tragique aurait pu briser dès le début la tentative de conversion des minyanka de Kimparana. Aussi Mgr de Montclos prit rapidement la décision d’envoyer sur place le père Giraudet, un ancien de la Guinée, dont l’expérience missionnaire était bien connue. Celui-ci, aidé des pères de Thézy et Cavé, redonna confiance à tous et le mouvement d’inscriptions continua. Le père Malgras, arrivé en septembre 1955 pour remplacer le père Giraudet, rappelé à Sikasso, devait inscrire le 2000 catéchumène en 1958.
Hélas ! Des signes inquiétants manifestaient déjà un certain flottement dans les groupes de priants. Malgré des tournées incessantes de l’équipe, renforcée par l’arrivée des pères Dondeyne et Sprengers en 1955, plusieurs groupes, mis en demeure de renoncer aux pratiques fétichistes, cessèrent de prier et les effectifs de catéchuménat commencèrent à fondre. Plus grave était la situation des catéchumènes fidèles qui se refusaient à demander le baptême, conscients des obligations qu’ils prendraient alors. Les premiers baptêmes (5 en 1956 et 4 en 1958) dont celui de Jean Baptiste et de sa femme, ne furent pas suivis de beaucoup d’autres. Une école de catéchistes, ouverte en 1958 fournit quelques éléments de valeur, mais, envoyés dans des villages où les groupes de catéchumènes commençaient à se dissoudre, les nouveaux catéchistes se découragèrent et leur action n’empêcha pas la ruine presque totale du catéchuménat. L’école des catéchistes elle-même fut fermée 3 ans après.
Une longue période de stagnation suivit pendant laquelle la modeste communauté chrétienne trouvait largement sa place dans l’Eglise provisoire aménagée dans, l’ancien magasin coopératif. Les pères Lorentz, Souyris, et Bogenrieder multipliait leurs efforts pour former une communauté solide ; le père Hue réussissait merveilleusement dans le dispensaire qui avait été construit et l’école à 6 classes donnait de bon résultats. mais la communauté chrétienne s’accroissait surtout grâce à l’arrivée de familles Bobo venues des paroisses voisines et l’avenir des villages minyanka semblait fermé lorsque, brusquement, au cours des années-80, le mouvement d’inscription au catéchuménat se remit en route dans beaucoup de villages où les jeunes, souvent les enfants des premiers catéchumènes qui s’étaient découragés devant l’opposition des vieux, s’inscrivirent nombreux sans avoir la crainte, cette fois, d’être arrêtés et brimés par leurs parents. Les pères Baude, Sanzberro et Van Bavel auxquels devait s’adjoindre en 1986 un prêtre fidei-donum, le père Philippe, aidés par des catéchistes bénévoles, s’efforcèrent de suivre les groupes nombreux qui demandaient à suivre le catéchuménat. Malheureusement depuis 1984 la sécheresse entraine trop souvent le départ des jeunes lorsque les travaux de culture aux résultats hasardeux sont terminés et leur absence dans les groupes retarde le moment où ceux-ci pourraient utilement se préparer au baptême. Malgré ces difficultés la croissance de la communauté de Kimparana allait s’affirmer par la construction de la nouvelle Eglise (l’ancienne étant devenue trop petite), qui fut consacrée le 7 février 1987 par Mgr Cissé. La paroisse au début de l’année 1988 compte 516 chrétiens et 969 catéchumènes, signes du renouveau qui anime la communauté, après les épreuves des années passées.
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