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Paroisse de Sikasso

Fondé vers 1820 par des dioula de la famille des Traoré originaire du Balenza, ce petit royaume n’avait cessé de grandir lorsque Daoula Ba avait installé sa résidence à Finkolo, situé à 20 km à l’ouest de Sikasso. Tieba s’installe à Sikasso en 1875 après la mort de son père, tué à l’attaque de Kankalaba. Tieba commence à fortifier sa résidence, devenue capitale du kénédougou : le tata de Sikasso. Large de 6 m à la base et haut de 4 à 5 m, entoure la ville sur 5 km de long, dont les vestiges sont encore visibles de nos jours.

La première évangélisation à Sikasso.
Mgr sauvent responsable de l’évangélisation et les missionnaires pères blancs établis à Kita à Bamako de décider une nouvelle fondation à Sikasso en juillet 1932. Le voyage des 3 pères nommés pour la fondation fut héroïque : partis en vélo de Bamako en septembre, les pères Esquerre, Ferrage et Verdouck subirent les grandes pluies de fin d’hivernage et les fièvres du paludisme empêchèrent le père Ferrage, transporté en hamac à Bougouni, de continuer son voyage. Les 2 pères restants reprirent leur route, traversèrent la Bagoué et arrivèrent à Sikasso le vendredi 15 septembre 1932. Le père Ferrage guéri de son paludisme, devait les rejoindre le 17 octobre 1932.
C’est le 13 janvier 1923 que les pères purent prendre possession de leur maison en banco, couvert en paille, qu’ils avaient fait construire à Sikasso même, malgré l’islamisation déjà avancée de la ville, à cause des facilités de communication avec le reste du territoire qui leur avait été confié pour un premier travail d’évangélisation.
Les débuts qui avaient paru prometteurs se révélèrent assez rapidement décevants : malgré les tournées nombreuses organisées par les pères de la mission, sur une vaste étendue occupant les 2 cercles d’avant actuels de Sikasso et Kadiolo, la mission se heurtait à de grandes difficultés dont les pères prirent conscience assez vite : malgré l’accueil favorable des populations, les visiteurs ressentaient la difficulté de s’ouvrir à ce milieu religieux qu’ils avaient du mal à comprendre. Les catéchumènes délaissaient la mission, d’autres s’engageaient pour des motifs intéressés, recherchant surtout l’appui des pères pour se soustraire aux injustices des chefs canton ou aux corvées du travail obligatoire.
Plusieurs nouveaux missionnaires avaient pris la relève des premiers : père Baranger en 1925, père Nadal en 1928 et le père Galland en 1929. Devant les résultats peu probants de cette première tentative d’évangélisation et l’hostilité rencontrée à Sikasso même, la décision venait d’être prise de fermer le poste de Sikasso pour permettre la fondation de la préfecture apostolique de Bobo-Dioulasso, qui allait être confiée au père Esquerre, le supérieur de Sikasso. Un événement inattendu avait marqué, peu de temps auparavant le glas de la mission de Sikasso : le clocher de la première Eglise qui faisait l’admiration des habitants de Sikasso, devait être détruit par le feu le 5 février 1929, à suite de la décision imprudente de chasser par des torches enflammées l’essaim d’abeilles qui s’était réfugié dans la charpente et importunait les ouvriers travaillant à proximité. Hélas ! Le signe de croix, porté bien haut, avait disparu avec le clocher et les pères quittaient le poste en octobre 1929. La mission confiée à un ménage chrétien fidèle, resta fermée 18 ans, attendant qu’une nouvelle fondation pût s’installer sur les ruines de l’ancienne.
Sitôt la guerre terminée, profitant du retour des missionnaires mobilisés, Mgr Dupont, vicaire apostolique de Bobo-Dioulasso, fit le projet de faire de la région Sikasso-Koutiala, trop éloignée du centre du vicariat, un nouveau territoire apostolique. (Il y était poussé par le supérieur des pères blancs, Mgr Durrieu, qui avait été l’un des pionniers de l’évangélisation en Haute-Volta et qui désirait affecter du personnel nouveau à ces missions jusque là un peu négligées). C’est le 12 juin 1947 que fut érigée la préfecture apostolique de Sikasso, qui fut confiée à Mgr Didier de Montclos, alors supérieur de la mission de Tounouma à Bobo.
Les difficultés de l’apostolat en ce nouveau territoire n’étaient pas minimes : la ville de Sikasso, après le départ des pères en 1929 était devenue entièrement musulmane et les premiers chrétiens, à quelques unités prés étaient passés à l’islam s’ils n’avaient pas quitté le pays. Sur l’immense territoire qui lui était confié (45.000km2) Mgr de Montclos ne trouvait en place qu’une seule mission, Karangasso, qui ne comptait alors qu’une poignée de chrétiens. Mgr Dupont avait suggéré que le nouveau préfet apostolique commence une mission en pays animiste et ne se fixe pas à Sikasso, en raison de l’attitude hostile de la population. Mgr de Montclos après mûre réflexion prit la décision de s’installer sur l’ancienne concession des pères à Sikasso. La décision prise, il fallait s’installer : grâce à l’obligeance du directeur de l’usine de coton, le plus proche voisin de l’ancienne mission, Mgr de Montclos put aménager dans les ruines de l’ancienne Eglise 3 chambres et un réfectoire, pendant que s’élevait un petit bâtiment en banco servant de cuisine et de magasin. Le 5 février 1949, le père Cavé rejoignait Mgr de Montclos à Sikasso, puis le père Hue, venu de Karangasso le 20 juin. Le poste était donc organisé, Mgr de Montclos ayant partagé son temps jusque là entre Karangasso et Sikasso où il préparait la fondation. Le frère Candido venait compléter l’équipe le 6 juillet et entreprenait la construction du premier bâtiment en dur qui devait servir d’atelier de menuiserie. Le frère Camplo arrivait en 1951 pour l’aider puis le frère Soliveret en 1955.
La situation au départ n’était guère brillante, mais dans cette ville plutôt hostile, Mgr de Montclos eut la surprise de constater que, au milieu des ruines de l’ancienne mission, un ménage chrétien, jules et Helene originaires d’Orodara, avait maintenu sans faille une présence de la mission et gardé une foi inébranlable. Magnifique conduite de la providence qui avait voulu que la mission, en l’absence de ses pasteurs, fut sauvée par un humble ménage, attentif à réaliser la tâche qui lui avait été confiée par les pères au moment de leur départ d’assurer une présence chrétienne à Sikasso.
De l’attitude des habitants de Sikasso qui se détournaient de leur chemin, au passage du nouveau venu, Mgr de Montclos ne se décourageait pas, mais se demandait combien il faudrait de temps pour établir avec cette population des relations d’amitié. Ce fut l’arrivée du père de Bengy, nommé à Sikasso en juin 1951 qui allait permettre de débloquer la situation ainsi que Mgr de Montclos l’a lui-même raconté :
Ce père qui vécut avec moi environ 8 ans fut vraiment le fondateur et, pendant longtemps l’unique pasteur de la mission de Sikasso. A ses activités scolaires, il ajouta celles d’entraineur d’une équipe de football, la «  Jeanne d’Arc », petite sœur de son homologue de Bamako, avant que l’une et l’autre prennent le nom de « Stade malien » après l’indépendance. Sa cordialité en même temps que sa manière franche et directe d’aborder les gens, et en particulier les jeunes, lui accordaient une grande audience auprès de tous.
Quant à Mgr Montclos, grâce à sa grande affabilité et sa recherche de contacts humains, il prenait de plus en plus racine dans la ville : ceux qui l’approchaient se sentaient compris et sa présence tranquille et souriante changea peu à peu l’accueil des Sikassois et lui permit de progresser. Une école s’ouvrait en octobre 1951, dans une partie de la menuiserie, sous la direction du père de Bengy. Là encore la réserve des habitants avait empêché de nombreux enfants de se présenter, mais ce furent les premiers inscrits, parfois en secret de leurs parents qui gagnèrent la partie, en se faisant les premiers « supporters » de l’école auprès de leurs compagnons de même âge. Les premiers résultats aux examens et la discrétion manifeste des pères firent le reste, et l’école se développa rapidement. Les 6 premières classes étaient construites en 1955 et bientôt un « Cours Normal » dirigé par les frères des écoles chrétiennes, devait couronner l’œuvre scolaire à Sikasso en 1958. Quant à l’arrivée des sœurs Blanches en Mai 1959, elle permettait de commencer une œuvre de formation féminine qui devait ouvrir bien des portes à la mission, dans les concessions de la ville.
La communauté chrétienne s’était agrandie, par l’apport des familles venues des paroisses qui venaient de se fonder et par l’arrivée de fonctionnaires chrétiens dans ce Centre administratif important que fût devenu Sikasso. Grâce au travail des frères Candido et Camplo, une grande Eglise avait été construite à partir de 1953 et sa consécration eut lieu le 13 févriers 1955 avec la participation des autorités civiles et du grand séminaire de Koumi.

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